L'UE et la Chine ensemble pour sauvegarder le multilatéralisme

2020-04-07 16:11ALAINRICHARD
今日中国·法文版 2020年4期

ALAIN RICHARD*

L e phénomène économique en croissance est un développement d'un flux échange,qui est devenu un phénomène économique mondial qui est un facteur de croissance.Comme nous l'avons pu observer au cours de la fin de cette décennie, le ralentissement de la croissance mondiale vient de plusieurs facteurs, y compris d'un changement de logique de l'économie chinoise, un facteur qui produit de la richesse, qui produit de l'emploi, qui produit du développement de savoir-faire, on ne peut que le saluer par luimême.

Mais il y a une autre dimension dans ce phénomène que je veux souligner, c'est le succès de l'économie de marché. Dans la conception qui a conduit le gouvernement chinois à prendre cette initiative et à poursuivre son développement dans une relation partagée et négociée avec un grand nombre de nations et d'organisations internationales, il y a cette idée que le développement des échanges dans des conditions d'équilibre de concurrence de manière qu'il y ait un avantage mutuel était un driver, était un élément de ressort de l'activité, de la création de richesse et d'emploi.

Cette économie de marché, en essayant de s'assurer de son équilibre et de son équité, est un facteur de sortie du sous-développement. En effet, tous ceux qui ont eu l'avantage d'avoir des contacts sur place, d'avoir des dialogues, des échanges approfondis, avec les autorités chinoises, sont frappés des écarts de développements qui existent encore en voie de redressement graduel, mais qui existent encore entre les différentes régions chinoises,entre les provinces. Nous avons une vision de cela en Europe, nous avons un système complexe et négocié de compensation des inégalités régionales,et je crois pouvoir dire que les écarts maximum,à l'échelle des régions, que nous constatons en Europe sont presque du même ordre que ce qu'on constate encore entre les régions du littoral chinois et les régions plus éloignées de l'Ouest. Donc c'est un phénomène et une lutte que nous partageons en commun. Mais je veux rester sur cette idée que la Chine et ses partenaires choisissent le développement par l'économie de marché.

Le 12 novembre 2019, la seconde édition du Forum de Paris sur la Paix a ouvert ses portes dans la capitale française.

Le 2 septembre 2019, une conférence de presse à l'occasion de la traduction chinoise du Rapport sur la vision stratégique de l'Union européenne pour un développement économique prospère, moderne, compétitif et climatiquement neutre s'est tenue à Beijing en présence d'Artur Runge-Metzger, directeur de la Stratégie en matière de lutte contre le changement climatique, gouvernance et émissions hors du système d'échange de quotas d'émissions à la direction générale de l'action pour le climat de la Commission européenne.

Le 21 mai 2019, la Chine et l'Union européenne signent le premier accord dans le domaine de l'aviation civile.

Cette économie de marché a forcément un contexte, des bases institutionnelles et des bases légales qui sont différents entre les pays, et ces écarts de système d'autorisation et de régulation, ces écarts de normes, ces écarts de droits d'accès aux différents marchés sont un sujet de débat, de friction,et de volonté d'harmonisation et de suppression des obstacles, qui sont à la base depuis quelques décennies de la réflexion sur le développement des échanges dans des conditions de liberté, donc tout ce sujet de l'égalité de concurrence, de l'égal accès aux différentes prestations de la clarté des règlementations fait partie maintenant d'un dialogue qui est partagé avec des dizaine d'États et qui concourt lentement et graduellement à une réflexion et à une régulation équilibrée entre espaces économiques différents. C'est évidemment une expérience que l'UE connaît bien, puisque ces créateurs inspirés par l'expérience des périodes de compétitions économiques non régulées qui avaient précédé la Première Guerre mondiale et qui avaient marqué l'entre-deux-guerres ont choisi l'harmonisation et la clarification du fonctionnement de l'économie de marché comme l'élément moteur de la construction européenne, et c'est pour ça que dans les générations anciennes, le terme employé était le « marché commun ». J'évoque ce souvenir simplement pour souligner que 63 ans bientôt après le premier traité qui organise ce marché commun européen, il nous reste encore des obstacles et des sujets. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, j'ai eu des responsabilités économiques à l'Assemblée pour créer le marché unique. Trente ans après la création du marché commun, et trente ans encore après la volonté du marché unique, il nous reste des sujets de différences de frein aux échanges,donc il n'est pas difficile d'imaginer l'ensemble des efforts de régulation et d'harmonisation qui restent à faire à l'échelle mondiale et des efforts auxquels« la Ceinture et la Route », cette initiative chinoise concourt de façon efficace. L'évolution positive de ce qui s'est passé avec le port du Pirée est un sujet de débat politique. Je crois que les investissements étrangers partagés mutuels, à savoir l'acceptation et l'encadrement des investissements étrangers d'un pays à l'autre, constituent un thème sur lequel nous avons encore des différences importantes et sur lequel il y a matière à négocier et à ouvrir les conditions de manière transparente, notamment pour ce qui est des conditions de connaissance des accords qui ont été conclus dans le développement de « la Ceinture et la Route ».

Chantier du pont de Pelješac en construction par une entreprise chinoise le 12 avril 2019 dans la péninsule croate de Pelješac, dans le Sud du pays

Plus largement, je crois que c'est une contribution au multilatéralisme, l'UE d'un côté, et la Chine de l'autre, ont une responsabilité particulière dans la période où nous sommes pour renforcer,et presque dire pour réparer le multilatéralisme en matière économique. Nous [la France et la Chine] sommes membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, nous avons donc beaucoup de points communs sur le multilatéralisme économique. À cause de l'initiative des États-Unis qui ont contribué à freiner et à mettre des obstacles dans le fonctionnement des échanges mondiaux,cette coopération entre l'UE et la Chine permet de discerner les objectifs à atteindre et aussi les précautions à garder, puisque l'ouverture instantanée des échanges, on le sait bien, pose d'autres problèmes et crée des chocs économiques que nous ne voulons pas accepter dans nos équilibres sociaux. Donc cette coopération entre nos deux ensembles économiques, la Chine et l'UE, est un facteur clé, et je veux souligner en particulier que,dans les années qui se déroulent à l'heure actuelle et particulièrement dans l'année qui vient, nous avons une mission de sauvetage de l'Organisation mondiale du commerce. Cette organisation est une création des partisans traditionnels économiques de marché, qui a rassemblé finalement et pratiquement l'ensemble des pays du monde. Il faut dire aussi que, parce que c'est une construction progressive, elle a adopté - puisque ce sont des traités négociés par chacun - des méthodes de décisions qui peuvent être paralysantes, puisqu'on cherche l'assentiment général. La diplomatie française qui s'est efforcée de réaliser un accord du même type avec l'accord de la COP 21, l'Accord de Paris, peut vous en parler de faire un accord à 180 pays. C'est un effort qui demande beaucoup d'ajustements et parfois de contradictions. Je crois que maintenir un système partagé et égalitaire de contrôle des conditions d'ouverture des échanges au niveau mondial est une mission. Je veux espérer que nous saurons prendre des initiatives politiques positives pour assurer cette réparation, cette restauration,au cours de l'année qui vient.

Nous sommes là pour approfondir les sujets importants de développement commun entre nations et entre ensembles transnationaux, concurrents mais amis et partenaires.

L'UE d'un côté, et la Chine de l'autre, ont une responsabilité particulière pour réparer le multilatéralisme.