L'initiative « la Ceinture et la Route »en pleine évolution

2020-04-07 16:11RENLIBO
今日中国·法文版 2020年4期

REN LIBO*

L'i nitiative chinoise « la Ceinture et la Route » n'est pas figée : il s'agit d'un processus d'ajustement et de mise à niveau dynamique. Les Chinois, qui sont doués pour faire le point sur les expériences et leçons apprises, sont constamment en pleine remise en cause, éliminant les difficultés et améliorant la planification par le déploiement de solutions expérimentales.

Ces dernières années, des changements majeurs sont intervenus au fil de la construction de « la Ceinture et la Route ».

Premièrement, l'initiative « la Ceinture et la Route » est de plus en plus ouverte, prêtant plus d'attention à la coopération en marchés tiers.

Fin septembre 2019, Dominique de Villepin,ancien premier ministre français, a rendu visite au groupe de réflexion Grandview Institution et a tenu une série de dialogues avec des experts et des ambassadeurs chinois résidant ou ayant résidé en Europe et en Afrique. Ils se sont entretenus au sujet de la coopération entre la Chine et l'Europe,en particulier de la coopération entre la Chine et la France sur le continent africain. Fin octobre, la Chatham House et la Grandview Institution ont organisé à Beijing un séminaire spécial sur la faisabilité des projets de coopération entre la Chine et l'Europe en Afrique du Nord, liés à « la Ceinture et la Route ». Selon les données de la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine, en juin 2019, la Chine avait déjà signé des documents de coopération en marchés tiers avec 14 pays, dont la France, le Japon, l'Italie et le Royaume-Uni. En outre, elle avait déjà établi des mécanismes de coopération en marchés tiers, dans le but de bâtir avec ces pays une plate-forme de coopération pour les entreprises et de fournir des services publics.

Vue d'ensemble du projet de la ville portuaire de Colombo,au Sri Lanka, le 8 décembre 2019

Deuxièmement, l'initiative « la Ceinture et la Route » est de plus en plus orientée vers le marché,mettant davantage l'accent sur l'implication et le potentiel des entreprises privées ainsi que sur le développement durable.

Pour accélérer le démarrage de cette initiative,les entreprises publiques chinoises sont devenues la principale source de financement des projets liés à « la Ceinture et la Route », et également les principaux promoteurs de ces projets. Ce mode opératoire a suscité de nombreux doutes en Occident.Pour les dissiper, la Grandview Institution a fait paraître, en 2017, l'ouvrage New Force: Chinese Private Enterprises in the “Belt and Road”. Au cours de discussions qui ont eu lieu à l'occasion de la sortie du livre, des hauts fonctionnaires de la Commission nationale du développement et de la réforme ainsi que de la Banque de développement de Chine ont convenu que les entreprises privées constituent la force principale.

Le 17 janvier 2020, au terminal à conteneurs de Shanggang dans le district d'Anji, dans la ville de Huzhou (province du Zhejiang), des conteneurs chargeant du mobilier de bureau produit par des entreprises exportatrices locales sont hissés sur un porte-conteneurs.

Selon les données du Conseil chinois pour la promotion du commerce international, en 2018,les entreprises privées représentaient plus de 50 %du volume des échanges entre la Chine et les pays riverains de « la Ceinture et la Route », avec leur part dans les exportations s'établissant à plus de 60 %. Le gouvernement chinois prend également diverses mesures pour faciliter et encourager l'entrée et l'expansion des entreprises privées sur les marchés, étant donné que le concept d'orientation du marché est désormais la base fondamentale pour le développement durable de l'initiative.

Troisièmement, l'initiative « la Ceinture et la Route » est de plus en plus tournée vers la finance,accordant une plus grande attention au développement et à la mise en place d'un système financier international ouvert.

Depuis 2016, la Grandview Institution a observé que des fonds d'investissement du Royaume-Uni,du Japon, de la Suisse, de Singapour, ainsi que de la partie continentale de la Chine, de Hong Kong et de Taiwan contribuaient constamment au financement dans le cadre de l'initiative ; par ailleurs, ceux-ci ont forgé une solide coopération avec le système financier à caractère politique de la Chine.

Lors du 2eForum de « la Ceinture et la Route »pour la coopération internationale qui s'est déroulé en avril 2019, le président Xi Jinping a clairement souligné la nécessité de construire un système de financement diversifié et un marché des capitaux multi-niveaux. Liu Kun, ministre chinois des Finances, a indiqué à cette occasion le besoin de soutenir le financement à long terme des infrastructures via des fonds issus de diverses sources,d'adhérer au principe de la coopération ouverte du système financier dans le cadre de l'initiative et de faire jouer pleinement un « rôle de locomotive »aux fonds publics. Il est d'avis qu'il faut mobiliser les capitaux à long terme et les capitaux privés pour améliorer encore le système de financement diversifié, inclusif et durable dans ce cadre. Ces déclarations officielles représentent les besoins stratégiques liés au développement de l'initiative en elle-même. Évaluer l'investissement dans les projets avec un système financier davantage axé sur le marché, afin de réduire et résoudre les risques d'endettement, devient un objectif clé pour l'initiative, qui est entrée dans une phase critique.

Quatrièmement, l'initiative « la Ceinture et la Route » prend de plus en plus une dimension sociale, en insistant davantage sur la coopération avec les organisations internationales et les organisations non gouvernementales, et en les encourageant et en les invitant à participer à la formulation des règles.

L'initiative « la Ceinture et la Route » est un bien public que la Chine met à la disposition du monde.Après avoir fourni un certain lot de produits et services ces cinq premières années, la Chine restructure les normes de développement applicables à la construction de « la Ceinture et la Route » en coordination avec le monde. À l'heure actuelle,la Chine a signé des documents de coopération dans le cadre de l'initiative avec 30 organisations internationales, et le pays cherche sans cesse à se conformer aux divers règlements et normes de l'UE, de l'ASEAN, de l'OCS et d'autres organisations. L'objectif est de conjuguer les efforts et d'assurer une supervision efficace.

On néglige trop souvent le fait que le gouvernement chinois encourage et invite toujours plus d'organisations non gouvernementales à participer à la construction de la « Ceinture et la Route ». La Chine pousse vivement les départements gouvernementaux, les entreprises et les parties prenantes aux projets à communiquer avec elles, à leur donner accès à davantage d'informations et à les inciter à surveiller le fonctionnement des marchés et à en améliorer les règles. Dans le même temps, le gouvernement chinois appelle les groupes de réflexion indépendants à formuler des suggestions sur les risques globaux de l'initiative et sur la coopération internationale s'inscrivant dans ce cadre.

Cinquièmement : l'initiative « la Ceinture et la Route » est de plus en plus écologique, attachant une importance accrue aux avantages sociaux, sans porter atteinte à l'environnement.

Le Forum du think tank de haut niveau sur « la Ceinture et la Route » organisé par le Département de Liaison internationale du Comité central du PCC a eu lieu à Beijing le 26 décembre 2019.

Des représentants issus d'entreprises administrées par les autorités centrales chinoises et d'autres catégories d'entreprises publiques, lesquelles prennent part à la construction de « la Ceinture et la Route », nous confient souvent craindre surtout deux départements du gouvernement chinois : le ministère de la Protection de l'environnement et la Commission de contrôle et de gestion des biens publics du Conseil des affaires d'État (SASAC).L'évaluation de l'impact environnemental des projets dans le cadre de l'initiative a été placée sous la supervision du gouvernement, et l'entreprise dont les résultats sont jugés insuffisants ne peut pas demander un prêt financier à caractère politique. À l'avenir, les résultats de l'évaluation seront étendus et audités. D'ailleurs, ces entreprises publiques doivent remettre chaque année à la SASAC un rapport d'audit, dont les avantages sociaux constituent le volet le plus important. Si les normes en matière de responsabilité environnementale ne sont pas respectées, il suffira d'un vote pour rejeter le projet.

Finalement, ces cinq changements peuvent se résumer en quelques mots : synergie des marchés,concertation quant aux règles et partage des bénéfices. Ces termes sont au reflet des valeurs, de la justice et des intérêts du multilatéralisme dans l'esprit des Chinois. Le gouvernement chinois, les entreprises et le système financier ont compris que cette initiative a évolué, partant du régionalisme,vers un multilatéralisme plus ouvert, plus mature et plus durable. Ces caractéristiques sont conformes aux principes du multilatéralisme préconisés par l'Europe. J'espère que tout le monde saura voir cette Chine en pleine transformation et cette initiative en pleine évolution.