DIALOGUE CHINE-FRANCE

Directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales

Sébastien Jean

La Chine et l'UE sont des partenaires naturels, incontournables, aussi bien dans la dimension bilatérale que de par leurs poids dans l'arène internationale avec aujourd'hui une responsabilité commune pour essayer d'aller de l'avant vers un accord ou la définition de règles coopératives qui nous permettent ensemble de faire face à nos défis communs, et les Routes de la Soie sont évidemment un lien et un instrument clé pour y parvenir.

La Chine et l'Europe partagent un certain nombre de choix, de préoccupation par rapport à la défense de multilatéralisme, par exemple par rapport à la lutte contre le changement climatique. L'initiative « la Ceinture et la Route » est d'une importance centrale dans cette relation, elle est également à l'échelle mondiale évidemment, comme cadre renouvelé d'investissement d'infrastructure,également comme cadre d'organisation du partenariat.

Président du Club 2030 Afrique et vice-président de la French-African Foundation

Khaled Igué

Les pays africains vont se tourner vers des partenaires qui les respectent, qui leur donnent l'impression que le partenariat s'équilibre dans les deux sens.Les pays africains travaillent beaucoup avec le Brésil et l'Inde, ils commencent à travailler avec la Russie. Je ne dis pas que c'est parfait, ce que je dis c'est qu'il faudra un peu plus de spontanéité, parce que l'agenda du continent africain n'est pas un agenda à 30 ans, c'est un agenda qui se passe maintenant, les besoins sont là, c'est aujourd'hui qu'il faut le compléter. Donc je trouve que la Chine vient un peu bousculer les partenaires historiques, c'est une très belle chose. Maintenant il faut voir plus loin, il faut voir comment on peut mettre les partenaires ensemble pour accomplir de plus grandes choses, et on a besoin de la France et de la Chine, je crois vraiment en la complémentarité, je ne vois aucune rivalité.

Ancien représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines et ancien ambassadeur de Chine en Afrique du Sud

Zhong Jianhua

J'espère que les entrepreneurs chinois pourront mieux connaître la France et l'Europe. La France et l'Europe ont déjà une économie de marché mature et un système légal complet, entrer en Afrique main dans la main avec des entreprises françaises devrait être un bon choix pour les entrepreneurs chinois.

J'espère que les entrepreneurs français pourront connaître davantage la Chine, cette Chine qui s'est développée rapidement pendant les 40 dernières années. Les entrepreneurs chinois sont des personnes étonnantes qui sont capables de supporter les épreuves, de réfléchir et d'être innovantes. La coopération des entreprises françaises avec les entreprises chinoises en Afrique peut se compléter et créer une situation gagnant-gagnant.

J'espère également que l'Afrique pourra saisir cette occasion rare où elle est bien vue par le monde, et qu'elle aura un esprit plus ouvert face aux coopérations avec toutes les parties. En fait, face à l'égalité des chances, la concurrence entre les pays africains est féroce, des politiques plus ouvertes apporteront sûrement un développement plus grand et plus rapide.

Journaliste de L'Opinion

Pascal Airault

Le développement durable est un sujet sur lequel la France et la Chine sont très engagées, très impliquées.Le directeur général de l'Agence française de développement (AFD) se rend régulièrement en Chine, et il y a un dialogue stratégique sur les questions de pollution, de climat, de financement, des économies vertes et des énergies, à tel point que l'AFD a publié en novembre 2019 une note intitulée Vers de Nouvelles Routes de la Soie durables ?— Pistes de réflexion pour un référentiel commun de financement du développement durable. La Banque de développement de Chine s'est beaucoup rapprochée de l'AFD.

En ce qui concerne la coopération économique dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie, entre la France et la Chine, il y a un paradoxe, quand on va dans les enceintes françaises patronales, on entend beaucoup de désirs de coopérer avec la Chine, de faire beaucoup plus, et d'un autre côté, en permanence on critique les produits chinois et les expériences chinoises en Afrique. Pour la France, ce n'est pas toujours facile au niveau de la temporalité de mettre en place les projets. L'avantage de la Chine est que les experts vont très vite sur le terrain. Pour les présidents africains,c'est très important. Puisque quand on est capable de livrer un projet le temps d'un mandat, c'est un gage qui peut vous permettre d'être réélu, quand on passe par les structures françaises, ou les administrations, les banques françaises avec les études de faisabilité etc.,ça prend beaucoup plus de temps.

Directeur de recherche à l'Institut d'études européennes de l'Académie des sciences sociales de Chine

Kong Tianping

La Chine n'a aucune stratégie pour diviser l'Europe. Respectant le cadre institutionnel existant, la coopération de la Chine avec les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) est ouverte et transparente. La Chine invite également les représentants de l'UE à participer au Sommet Chine-PECO. La coopération « 17 + 1 » est une plate-forme de coopération pragmatique entre la Chine et les PECO,dans laquelle la Chine n'a aucun agenda caché. Au cours des 30 dernières années, indépendamment des évolutions de la situation internationale, la Chine a toujours soutenu le processus d'intégration européenne et considère l'UE comme une partie importante du monde multipolaire et un facteur important pour la stabilité du système international.